Nicole est une femme pétillante qui est coach en épanouissement personnel et professionnel et photographe de reportages.

C’est sa vision de la photo qui nous a réunies la première fois. Je cherchais à progresser sur ma photo du quotidien. J’étais en manque d’une communauté francophone pour partager sur l’importance de cet héritage fondamental et qui raconte pourtant le coeur de nos vies, de nos liens, de nos histoires. Google m’a offert de découvrir alors « documenter la vie ». Une newsletter, un blog et un forum animé par Nicole Gevrey, Élodie Forot  et Julie Laraigné.

Nicole a d’autres histoires à raconter. Son portrait pourrait mettre l’accent sur ce qu’elle livre aisément sur les réseaux : ses rêves de voyages en van, sa joie récente d’être maman, sa « yellow touch » et sa croyance infinie en nos capacités à « tout déchirer ».

Ici, au travers des questions de ce portrait de femme, elle se raconte avec ses lumières et ses ombres.

 

Son IG  personnel

Son site

 

 

 

 

1 Nicole, tu es grande & tu es une âme sensible. Tu es coach en épanouissement
personnel & photographe de reportage. Tu es enthousiaste, vive, énergique et
rebondis dans les difficultés. C ‘est bien à l’image du judo que tu as pratiqué.
Tu aimes les balades en pleine nature.
que souhaites- tu ajouter ?

Merci beaucoup pour les mots que tu viens d’utiliser Agnès, ils me touchent beaucoup !

J’ai encore du mal à imaginer avoir réussi à redevenir cette personne enthousiaste et dynamique que tu décris.

Je revois sans cesse cette fille au fond de son lit, paralysée par la peur, qui n’arrivait même pas à sortir de chez elle pour aller faire des courses il y a quelques années en arrière.

Mais c’est vrai que de l’eau a coulé sous le pont depuis, et que j’ai retrouvé cette belle énergie qui a toujours été au fond de moi.

Mais à ne pas m’écouter, à croire que le mental peut être plus fort que tout, je me suis perdue en chemin pendant un temps.

Je ne regrette rien, parce que ça m’a permis de vivre de que je vis aujourd’hui, et j’en suis très heureuse.

J’en parle parce qu’il y a quelques années, j’aurais aimé qu’on me dise qu’il y avait un autre possible.

Heureusement que j’ai découvert le développement personnel à cette époque, heureusement ?

Ça m’a permis de beaucoup mieux me connaître et donc de comprendre mon fonctionnement.

 

En réalité, si j’ai cette énergie aujourd’hui, c’est d’une part parce que je fais essentiellement des choses qui me passionnent et me donnent plus d’énergie qu’elles ne m’en prennent,

Mais aussi parce qu’en dehors de ces moments de connexion forte avec l’extérieur, je suis quelqu’un de très solitaire, qui a besoin de silence,… Un peu comme s’il fallait me mettre en charge régulièrement ?

Bon, il m’ aura fallu du temps pour me comprendre, pour écouter mes besoins, ne pas épuiser mes ressources, et au contraire les optimiser. Pour moi même mais aussi pour la partager autour de moi cette énergie.

2 Quelle est la photo qui aujourd’hui parle le plus de toi ? Que dit -elle de toi ?

elles se racontent portraits de femmes nicole gevrey

J’ai choisi cette photo d’Alice et moi dans la nature,

parce que d’une part j’en ai rêvé pendant des années de pouvoir partager mes balades avec un petit être collé contre mon cœur,

et puis parce que c’est un peu notre quotidien de tels moments tous simples, ils me font du bien, et Alice adore aussi découvrir la nature, c’est un vrai bonheur,

et aussi parce que ces balades, ça a été ma bouée de sauvetage pendant ces premiers mois en tant que Maman. Ça a été vraiment difficile pour moi cette période, heureusement que je savais où et comment me ressourcer quelques minutes par jour. 

3 Peux- tu nous partager un portrait qui te touche ? Pourquoi ?

portraits de femmes  nicole gevrey père avec son enfant dans les bras

Je ne vais pas faire très original, mais le portrait qui fait le plus battre mon cœur, c’est celui de mon homme et ma fille qui rient ensemble.

Il n’y a rien de plus beau que ça pour moi là.

Sur cette photo, le fond est assez sombre, ça me rappelle ces semaines compliquées qu’on a traversées.

Et ils sont tellement lumineux tous les deux là, c’est un cadeau de les voir comme ça !

Je les chéris ces moments là. Je les sens profondément heureux tous les deux, j’en ai le cœur tout chaud.

 

4 Dans la vie, on a des convictions, des combats, des cicatrices.

As- tu une cause qui te tient à cœur ? engagement associatif ?

Oui il y a un sujet qui me tient particulièrement à cœur, c’est celui de la jeunesse en souffrance.

L’enfance, c’est sacré. Et il m’est très difficile d’imaginer qu’on ne démarre pas tous dans la vie avec le même bagage de chances.

Avant d’être photographe, j’étais éducatrice à la Protection Judiciaire de la Jeunesse, c’est un service du Ministère de la Justice, qui prend en charge les mineurs suivis par le juge des enfants, principalement suite à des faits de délinquance.

Et là on est au cœur du sujet qui me touche. Parce que plus on avance dans cette société du tout répressif et du rognage de moyens financiers et humains pour être là pour ces jeunes, et plus notre société va mal.

Ces mineurs dits délinquants sont avant tout des mineurs en danger, en souffrance.

La violence ou tout autre passage à l’acte sont le signe que quelque chose ne va pas. Quelqu’un qui va parfaitement bien ne ferait pas ça.

Ces mineurs là, ils ont des besoins, qu’ils ne savent pour la plupart pas exprimer, ou que l’on a pas écoutés. Ils ont des émotions, trop enfouies, trop intenses, qu’ils ne savent pas non plus exprimer différemment.

Alors, les punir, ça ne résoudra pas tout. Ça rassure, c’est un semblant de paix sociale, qui ne dure qu’un temps.

Il n’y a qu’en permettant à ces jeunes d’aller mieux en profondeur, de retrouver des repères, que leurs besoins essentiels soient assouvis, que notre société pourra s’apaiser. Ces jeunes, ce sont les adultes de demain. C’est de eux que tout part, le monde dans lequel on veut vivre.

Mais j’ai l’impression que ce n’est pas pris en compte.

Ce métier d’éduc, je l’ai adoré, mais j’ai dû le quitter, parce que je ne supportais plus de ne pas être suffisamment armée pour mener ce combat. J’avais l’impression d’aller à l’encontre de mes valeurs et convictions, en faisant toujours plus avec toujours moins de moyens, de temps, de partenaires, de soutien.

Mais j’y reviendrai à œuvrer pour cette cause. Je ne sais pas encore comment.

En attendant, j’y participe à ma manière, grâce à mon travail de photographe et celui de coach. En travaillant sur les blessures d’enfance, ou en laissant des traces de tout ce que les enfants reçoivent de leurs parents.

5 Comment témoignes- tu dans ta vie de photographe de tes valeurs ?

Est -ce important ? Peux- tu nous montrer un exemple ?

C’est essentiel pour moi oui ! Et ça rejoint justement la question d’avant ?

Il y a deux choses dont je veux témoigner à travers mon travail de photographe.

La première, c’est que je crois très fort que le bonheur est ici et maintenant, qu’il se cache dans des moments tous simples du quotidien.

La seconde, c’est qu’il y a mille façons de se dire « je t’aime ». Et je veux laisser aux enfants une trace de tous ces gestes d’amour qu’ils ont reçu dans leur enfance. Parce que, quoi qu’il se passe demain, qu’ils puissent se raccrocher à ces fondations là, à « j’ai été aimé et choyé », je crois qu’il n’y a rien de plus précieux.

Dans mon précédent travail, celui d’éducatrice, j’ai vu tellement de familles déchirées malgré l’amour qui y régnaient. Alors j’espère, à ma manière, offrir aux familles un média pour se dire combien ils s’aiment, se rappeler leur histoire commune, se rapprocher et se connaître toujours plus.

Et pour ça que je me suis tournée vers le reportage du quotidien, parce que ça me permet de créer des souvenirs vrais, sans mise en scène. Je relate de leur réalité, il n’y a rien à rajouter pour que ce soit beau, c’est leur histoire, il n’y a pas plus beau que ça.

Ça rejoint ta question précédente en fait, c’est mon combat pour qu’un maximum d’enfants bénéficient de ces repères faits d’amour, de bonheur simple.

J’y participe en tant que photographe, et en tant que coach, en aidant d’autres photographes à remplir leur propre mission.

 

 

6 Un “unique” verbe d ’action comme conseil créatif ?

OSE !

C’est là que se passe la magie, quand on écoute notre cœur, nos tripes, notre intuition, plutôt que le mental qui nous pousse à rester dans le connu.

Oser, c’est s’ouvrir plein de portes.

7 « Et je choisis de vivre » est le titre d’un film sur le deuil, réalisé par Nans (de Nus & culottés).

Nous sommes tous touchés par le deuil.

Quelle est ta manière de rendre hommage à tes défunts?

J’ai été pas mal touchée par le deuil depuis toute jeune, j’ai perdu mes grands parents tôt, une amie quand j’étais adolescente, bon nombre de mes oncles et tantes, ma Marraine, et plus récemment, mon Papa.

J’ai la chance qu’on m’ait permis d’être à l’écoute de ma manière de rendre hommage, depuis toute jeune.

C’est totalement différent selon les personnes.

Pour mon Papa, j’ai ressenti le besoin de l’accompagner dans les tous derniers moments, par ma voix, ne pouvant être à ses côtés. C’était terriblement difficile, et en même temps si beau.

Quelle chance d’avoir pu lui dire au-revoir, lui dire jusqu’au dernier moment combien je l’aime et lui rappeler tout ce qu’il m’a apporté, ce que je porte en moi et que je pourrai transmettre de lui.

Ça c’est très important pour moi, pouvoir transmettre à ma fille qui était son grand-père. J’aurais tellement aimé qu’ils se connaissent, il est décédé pendant ma grossesse.

Dans un sens, je suis sûre qu’ils se connaissent, je vois beaucoup de lui en elle.

Continuer à parler de lui, à lui parler aussi ?

 

Et ce qui a été vraiment précieux au moment de ses obsèques, c’est qu’on ait pu prendre un temps, avec la famille très très proche, de créer un temps hommage à son image.

On a planté un arbre, dans sa forêt, au cœur d’un lieu où nous avons beaucoup ri, aimé, partagé, joué, appris.

C’était un beau moment. Bien sûr nous étions en peine, mais il y avait tellement d’amour !

Et ça me fait du bien de voir cet arbre évoluer, plein de sève, de vie.

J’aime m’y recueillir, parce que je l’imagine tellement bien à cet endroit, en gardien de la forêt ?

8 La chanson que tu chantes pour te faire du bien?

Fabuleuse de Tiphaine Wary

Parce qu’on ne se le dit pas assez qu’on est fabuleuses !

9 Tu es une jeune maman.

Quels sont les bouleversements les plus forts que tu connaisses depuis ton nouveau rôle de parent?

Des années à apprendre à être à l’écoute de mes besoins…

Et là je ne peux plus y répondre comme je le souhaite,

Et ça c’est difficile pour moi.

Evidemment, ceux d’Alice priment.

 

En plus, Alice est ce qu’on appelle un bébé aux besoins intenses, alors non seulement elle a d’importants besoins, mais en plus, ils s’expriment comme s’ils étaient vitaux à chaque fois, donc ça crée une sensation d’urgence et d’hyper vigilance, c’est pas évident.

Mais plus elle grandit et plus ça s’apaise, et plus on apprend à se connaître aussi.

 

J’apprends aussi à ne plus rien prévoir, c’est challenging ça aussi !

 

Difficile pour une nana qui a autant besoin de contrôle que moi.

Alors j’avais déjà bien bossé le sujet avant l’arrivée d’Alice, mais depuis sa naissance, je n’ai pas eu le choix que d’apprendre le lâcher prise en accéléré,

Et c’est perturbant de voir se modifier nos repères aussi brutalement.

Mais c’est un magnifique cadeau qu’elle me fait ?

10 Une question à me poser ?

Je me rends compte qu’on a beaucoup parlé des besoins depuis tout à l’heure…

Et toi Agnès, quel est le ou les besoins qu’il te faut le plus assouvir en ce moment pour te sentir bien, épanouie?

 

Et bien la question de Nicole a « bien » occupé mon esprit à la recherche de ces fameux besoins. C’est un peu comme partir à la recherche d’un trésor lointain. On a tous besoin d’amour et d’eau fraîche… mais plus précisément pour aujourd’hui, de quoi est-ce que je rêve? À la fin d’une de ces journées qui passent vite, qu’est ce qui m’a manquée?

Il me manque là-bas, ma maison au coeur de la chartreuse. Pour le chant des oiseaux qui annonce le jour qui se lève bien avant que je me lève moi-même,. Pour la rosée qui vient mouiller mes pieds quand je vais voir le potager. Pour le vent qui balance le linge étendu sur les fils dans le jardin. Pour les ombres qui jouent de moi quand je suis sur le hamac. Pour le sourire épanoui de mon mari à son retour de randonnée. Oui, ma vie là-bas me rend plus épanouie et désormais je compte le temps qui passe en jours qui me séparent de mon retour là-bas. J’ai besoin de cette vie connectée à la vie simple au rythme des saisons , en pleine nature.

Il me manque de me sentir utile. Depuis toujours, métiers et engagements associatifs m’ont permis de partager mes différents talents pour accompagner d’autres enfants, jeunes ou adultes dans leurs vies. À chaque déménagement, j’ai su trouver une voie nouvelle pour que ma vie soit « au service ». Depuis que j’ai crée « agnès vous raconte », je ressens un manque. Il y a tout ce temps passé seule, derrière mon ordinateur à communiquer pour me faire connaître. Autant de sensations de jeter des bouteilles à la mer. Pourtant à chaque séance photo partagée, à chaque création créé en collaboration et à chaque animation d’ateliers, je la sens vibrer très fort en moi la joie d’avoir donné. Alors oui, j’ai besoin que ma vie aide la vie de ceux que je croise. J’ai besoin de partages, de fraternité. J’ai besoin d’offrir ce que la vie m’a donné. Et si je vis ce partage en famille, en amitié, j’espère tellement le partager avec le coeur d' »agnès vous raconte ».

 

Petite surprise: Nicole et moi avons pu nous rencontrer 4 jours avant la publication de cette article. 2 jolies heures à continuer à nous découvrir proches dans nos valeurs, nos essentiels.

Merci Nicole de nous partager ce qui compte vraiment.

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agnès

J’accompagne les femmes et les familles dans la création de portraits de vie & d’hommages à partir de leurs propres photos avec mon expertise du scrapbooking